Depuis qu’Elon Musk a posé certains gestes qui interpellent sans culpabilité ni questionnement, les chutes de Tesla, qui dominait le marché des voitures électriques, ont entraîné une baisse de ses ventes d’environ 45 % en Europe. Cela pourrait être l’occasion de resserrer la stratégie européenne et de privilégier les constructeurs européens.
L’UE avait prévu la fin des voitures thermiques en 2035 pour répondre aux enjeux climatiques. Est-ce faisable ? Réalisable ? Qu’en pensent les Français ?
Selon une étude révélée par Alphabet France et l’Institut YouGov, 62 % des Français s’opposeraient à cette interdiction. Qu’en est-il pour les constructeurs ?
Les voitures électriques représentent une opportunité de croissance, de relance et de gain de parts de marché pour les constructeurs automobiles, une occasion de se renouveler et de déployer un avantage concurrentiel grâce à la R&D. Finalement, les voitures électriques seraient-elles aussi polluantes que les diesel ? Il vaut mieux s’en rendre compte maintenant… Sont-elles plus polluantes, ou bien le secteur souffre-t-il d’un manque de connaissance quant à la possibilité de recycler les batteries et de s’inscrire dans une économie plus vertueuse ? Plus de matériaux certes, mais à long terme ?
La réalité est que le marché est aussi divisé par un fossé générationnel : l’ancienne génération, attachée particulièrement à la thermique, et la nouvelle génération, très jeune (18-24 ans), favorable à l’électrique. C’est une occasion pour les marques d’intégrer dès le départ les jeunes générations dans leur modèle pour conquérir des PDM, de les faire adhérer et de les fidéliser. Voilà un challenge.
Quel marché n’a pas connu de résistance lorsqu’il innove ? Il est nécessaire de laisser la population s’adapter à une nouvelle technologie. En moyenne, il faut une dizaine d’années avant une adhésion plus globale. Pour preuve, 94 % des utilisateurs de voitures électriques ne reviendraient pas à la thermique.
Les ventes de voitures électriques ne sont pas prêtes de s’arrêter en Europe, et la FNTE (Fédération Nationale des Transports et de l’Environnement) prévoit de présenter une loi devant la Commission européenne pour stimuler les ventes de voitures électriques et garantir un marché de deux millions de véhicules électriques dans l'UE d’ici 2030 pour les constructeurs automobiles.
Les coûts restent élevés pour les constructeurs, ce qui se répercute sur les prix, notamment en raison des normes de crash-tests. Le durcissement de ces normes renforce les contrôles et constitue finalement une belle opportunité pour les professionnels spécialisés en ingénierie de sécurité de se positionner, ainsi que pour les concessionnaires de s’entourer des meilleurs experts. Une autre opportunité pour les constructeurs réside dans le recyclage des batteries. Celui qui maîtrisera ce domaine aura un avantage considérable. Aujourd’hui, selon Ooreka, les voitures thermiques sont recyclées à hauteur de 82 % lorsqu’elles sont mises à la casse.
Économiquement, il est ainsi plus intéressant pour les constructeurs de développer le marché du neuf en BtoB et celui de l’occasion en BtoC. Le marché des voitures électriques reflète les disparités de notre société et les enjeux économiques et sociétaux actuels.
La Belgique représente une opportunité de croissance pour les constructeurs, car le pays a largement adhéré aux voitures électriques, avec moins de résistance que son voisin. En France, moins de 23 % des voitures sont électriques, ce qui reflète une certaine résistance de la population face à ce qu'on pourrait percevoir comme un « greenwashing ». En effet, bien que l'argument écologique soit largement utilisé par les acteurs du secteur automobile pour promouvoir les véhicules électriques, certains consommateurs se montrent sceptiques. Ils attendent davantage de garanties sur la viabilité des batteries, une réduction des prix et une véritable transparence sur l'impact environnemental des véhicules électriques tout au long de leur cycle de vie. Le terme « greenwashing » évoque ici la crainte que certaines entreprises mettent en avant des initiatives écologiques sans qu'elles ne soient réellement substantielles ou suffisantes pour répondre aux défis environnementaux. Les Français semblent être en attente de preuves concrètes et de mesures réellement efficaces avant de s'engager pleinement dans la transition vers l’électrique.
Le véritable défi pour l’industrie automobile réside dans sa capacité à convaincre les consommateurs de la réelle valeur écologique des voitures électriques, à réduire leurs coûts et à proposer des solutions durables et transparentes. Dans ce contexte, l’avenir du marché semble prometteur, mais il dépendra de la capacité des acteurs à répondre aux attentes d’un public pour la plupart, encore sceptique et de la manière dont l’ensemble de la chaîne de valeur saura s’adapter à cette révolution.
Sources :
https://www.avem.fr/2025/02/14/une-loi-europeenne-pour-doper-le-marche-de-la-voiture-electrique/#
https://www.avem.fr/2025/02/14/une-loi-europeenne-pour-doper-le-marche-de-la-voiture-electrique/#